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Par habitude, nous évoquons le son comme se rapportant à quelque chose de connu, un instrument, une voix, des bruits. Nous identifions les sons concrets de la vie réelle parce qu’ils nous rappellent quelque chose de repérable : le bruit du train, le son des cloches, des pas sur le gravier. Pourtant, une multitude de variables entrent en action pour constituer le son qui me parvient de ce train là, suivant qu’il est lent ou rapide, entendu de l’intérieur ou de l’extérieur. De même, les pas furtifs des enfants jouant dans l’allée de gravier se distingueront fort du rythme de la promenade rituelle d’un couple de personnes plus âgées. Chaque signal sonore est un événement spécifique, produit de circonstances et de déterminations qui se déploient dans un espace et un temps particuliers. Les signaux sonores sont indissociables des conditions qui les provoquent : forces, tensions, énergies, matériaux, structures ainsi que du milieu physique environnant dans lequel ils sont émis et se propagent : extérieur, intérieur, suivant des surfaces plus ou moins denses, lisses ou poreuses, par lesquelles ils sont réfléchis ou absorbés.
L’audibilité du son exige, par ailleurs, une situation d’écoute, un point d’observation (de réception) subjectif qui correspond à une configuration de rapports, de distance, de position. Les qualités et les dimensions physiques au sein desquelles les signaux sonores se propagent, naturellement ou artificiellement, sont bien en interaction constante avec la disposition psychoacoustique d’un « sujet » de l’écoute, une oreille jeune et non avertie, celle trop sensible d’une personne fatiguée. 1
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1 “ Variabilité et multiplicité acoustique ” (2007)
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